Carl Rogers, psychologue humaniste réputé pour son approche centrée sur la personne, a longtemps maintenu une attitude sceptique envers la spiritualité et l’au-delà. Pourtant, à la fin de sa vie, des expériences intenses vécues avec son épouse Helen, alors en phase terminale, l’ont profondément transformé.
Des expériences bouleversantes autour de la mort d’Helen
La confrontation directe avec la mort imminente de son épouse pousse Rogers à envisager la possibilité d’une survie de l’âme. Il rapporte ainsi des événements étonnants :
« Pendant les tout derniers jours, Helen a eu des visions de sa famille, ce qui la rendait de plus en plus certaine qu’elle serait accueillie « de l’autre côté ». […] Durant ces mêmes jours, Helen a eu la vision d’une lumière blanche bienfaisante qui s’approchait, la soulevait de son lit puis la recouchait. » — Carl Rogers, A Way of Being (1980, p.90)
Rogers lui-même devient témoin direct de phénomènes inexpliqués, comme des communications médiumniques qui l’amènent à reconsidérer ses convictions matérialistes :
« Le soir suivant [sa mort], des amis à moi […] sont entrés en contact avec Helen, qui a répondu à de nombreuses questions : elle avait entendu tout ce qui s’était dit pendant son coma ; elle avait fait l’expérience de la lumière blanche et vu des esprits venir la chercher ; elle était en contact avec sa famille ; elle avait l’apparence d’une jeune femme ; sa mort avait été très paisible et sans douleur. » — Carl Rogers, A Way of Being (1980, p.90-91)
Ouverture à une continuité spirituelle
Ces vécus intenses conduisent Rogers à envisager sérieusement l’idée d’une dimension spirituelle continue de l’existence humaine, marquant un tournant radical par rapport à ses convictions antérieures :
« Toutes ces expériences m’ont rendu bien plus ouvert à la possibilité d’une continuation de l’esprit humain individuel – chose que je n’avais jamais cru possible. Elles m’ont passionné pour tous les phénomènes paranormaux et ont profondément changé ma compréhension du processus de la mort. Je considère désormais comme possible que chacun de nous soit une essence spirituelle continue, perdurant à travers le temps et s’incarnant occasionnellement dans un corps humain. » — Carl Rogers, A Way of Being (1980, p.91)
Témoignages et analyses des proches et commentateurs
Cette transformation spirituelle de Rogers ne passe pas inaperçue auprès de ses collègues et biographes. Charles Broad, dans une analyse critique, souligne le changement profond dans les croyances de Rogers :
« Je n’ai jamais cru à l’immortalité, mais désormais toutes les preuves montrent qu’il y a quelque chose. Je croyais la mort définitive, mais il semble qu’il y ait un autre côté. » — Carl Rogers cité par Charles Broad, Christianity Today (1985)
Brian Thorne, psychologue et chercheur, voit dans ces expériences de Rogers une confirmation de la profondeur spirituelle accessible par l’approche humaniste :
« Brian Thorne parle de la “puissance mystique” de la thérapie centrée sur la personne. Il estime que l’histoire montrera que Rogers aura été l’une des influences majeures dans l’évolution spirituelle de l’humanité au XXIe siècle. » — Brian Thorne, The Mystical Power of Person-Centred Therapy (2002)
Toutefois, John K. Wood rappelle que Rogers, tout en s’ouvrant à ces dimensions spirituelles et transpersonnelles, reste fidèle à une attitude empirique et ouverte, évitant tout dogmatisme :
« Rogers est resté un humaniste ouvert d’esprit jusqu’au bout : le simple fait qu’il ait rendu visite à des médiums et gardé l’esprit ouvert sur ces mystères ne justifie pas qu’on le range d’office dans le camp transpersonnel. Son intérêt tardif pour le spirituel ne doit pas occulter l’essence de son message, toujours centré sur la croissance personnelle, la relation et l’expérience vécue. » — John K. Wood
Conclusion
Les expériences vécues par Rogers autour de la mort de son épouse ont profondément élargi son horizon philosophique et spirituel. Sans renier son approche centrée sur la personne, il s’est ouvert à la possibilité d’une continuité spirituelle et à l’existence de dimensions mystérieuses et inexpliquées de la conscience humaine. Cette ouverture représente une contribution précieuse à une compréhension plus holistique et transpersonnelle de la relation d’aide.