Une approche révolutionnaire de l’accompagnement

Carl Rogers, dans son ouvrage de 1942 « La relation d’aide et la psychothérapie », met en lumière les distinctions fondamentales entre les approches directives et non-directives en thérapie. Ces différences se manifestent non seulement dans la dynamique de l’entretien, mais également dans les principes sous-jacents à chaque méthode.

Différences dans la dynamique de l’entretien

Les directifs parlent trois fois plus que les non-directifs

L’une des différences les plus marquantes entre les approches directives et non-directives réside dans la quantité de parole. Les aidants directifs dominent souvent la conversation, avec une moyenne de 107 interventions par entretien contre seulement 49 pour les aidants non-directifs. Cette différence se traduit également par le rapport de mots entre l’aidant et l’aidé : dans les entretiens directifs, les aidants parlent presque trois fois plus que les clients, alors que dans les entretiens non-directifs, ce rapport est inversé.

Les directifs posent des questions, les non-directifs se concentrent sur les ressentis

Les aidants directifs utilisent des interventions spécifiques telles que poser des questions précises, interpréter les résultats de tests et proposer des solutions concrètes. En revanche, les aidants non-directifs se concentrent sur la reconnaissance et l’interprétation des sentiments exprimés par le client, favorisant ainsi une plus grande prise de conscience et compréhension de soi.

Les principes sous-jacents

Les directifs fixent les buts

La première différence philosophique fondamentale entre les deux approches concerne la finalité des objectifs du client. Dans l’approche directive, l’aidant choisit les buts que le client doit atteindre, souvent basés sur des normes socialement acceptées. Cela implique une position de supériorité de l’aidant, qui guide et influence le client vers des solutions prédéterminées.

Les non-directifs valorisent l’autonomie psychologique de la personne

À l’opposé, l’approche non-directive, prônée par Rogers, valorise l’autonomie et l’indépendance psychologique du client. L’aidant non-directif croit en la capacité du client à choisir ses propres buts et à trouver des solutions adaptées à ses problèmes. Cette méthode repose sur la conviction que, avec une perception claire de soi et de ses conflits internes, le client est le mieux placé pour résoudre ses difficultés de manière satisfaisante.

Les directifs sont focalisés sur les problèmes, les non-directifs sur la personne et ses sentiments

Les techniques utilisées par les aidants directifs incluent souvent la définition du problème, l’orientation des discussions et la proposition de solutions spécifiques. Par exemple, un aidant directif peut dire : « Je pense que vous devriez quitter cet emploi et accorder plus de temps à votre formation personnelle. » En revanche, un aidant non-directif faciliterait l’exploration des sentiments du client concernant son emploi, en reformulant ou en clarifiant les émotions exprimées : « Il semble que cette situation vous cause beaucoup de stress. »

Deux approches radicalement différentes

Ecoute active encourageant la réflexion sur soi et l’autonomie

L’approche non-directive met l’accent sur l’écoute active et la création d’un environnement où le client se sent en sécurité pour explorer ses propres sentiments et attitudes. L’aidant reformule et clarifie les propos du client, encourageant ainsi la réflexion sur soi et l’autonomie. Cette méthode vise à accroître la lucidité du client et à lui permettre de trouver ses propres solutions.

Liberté d’expression sans crainte de jugement

Les règles de conduite pour les aidants non-directifs, telles que définies par Rogers, incluent l’écoute patiente, l’absence d’autorité, l’abstention de conseils moralisateurs, et l’encouragement à l’expression libre du client. Ces règles visent à créer un cadre thérapeutique où le client est libre de parler de ses problèmes sans crainte de jugement ou d’influence.

Conformisme social versus intégrité psychique et indépendance

La différence dans les jugements de valeur entre les deux approches est significative. L’approche directive valorise le conformisme social et le droit de l’aidant à diriger le client, tandis que l’approche non-directive valorise l’intégrité psychique et l’indépendance du client. Cette distinction philosophique influence profondément la manière dont les aidants perçoivent leur rôle et les techniques qu’ils utilisent.

L’approche non-directive est plus aidante

L’approche non-directive de Carl Rogers révolutionne la relation d’aide en plaçant le client au centre du processus thérapeutique. Contrairement à l’approche directive, qui cherche à contrôler et diriger le client vers des objectifs spécifiques, l’approche non-directive valorise l’autonomie, l’écoute active et la compréhension empathique. Cette méthode permet au client de découvrir ses propres solutions et de développer une meilleure compréhension de soi, contribuant ainsi à une transformation personnelle plus profonde et durable.

Source : Carl Rogers – 1942 – « La relation d’aide et la psychothérapie » §5 – partie II